Pourquoi l'Urbex ?

L'Urbex (Urban Exploration) est un terme générique qui englobe l'exploration des bâtiments abandonnés en milieu urbain mais aussi en milieu rural. La toiturophilie (exploration des toits) et à la cataphilie (exploration des tunnels et des souterrains) sont également associées à l'Urbex.

Sur ce blog, vous découvrirez des lieux très différents, abandonnés, dégradés ou en bon état, vides ou meublés.

Alors pourquoi visiter des lieux abandonnés ?

Au delà du cliché véhiculant l'image de jeunes en manque de sensations fortes, l'Urbex est source d'enrichissement et d'émotions aussi intenses que variées.

Rappelons que l'Urbex proscrit toute effraction, dégradation, modification ou vol des lieux visités. Seules les photos témoignent de notre passage. Ainsi, l'entrée dans un édifice se fait que lorsqu'un accès est possible (porte ou fenêtre ouverte ou cassée). Le respect et la protection des lieux (pendant la visite mais aussi en ne divulguant ni nom, ni adresse) est l'essence même de l'Urbex.

L'exploration est composée de plusieurs phases:

1) Le repérage sur internet, l'exploitation des photos satellites, la prise de renseignements sur la "visitabilité" du lieu, l'analyse des contraintes (voisinage, surveillance, accès au bâtiment...)

De même, sur la route, la lecture de l'environnement ou du paysage se voit modifiée. Ce portail rouillé, ces fenêtres cassées, ce jardin en friche font-ils de ce lieu un lieu abandonné ?

Cette phase de recherche est très stimulante car elle interroge sur la faisabilité du projet.

2) L'exploration en elle-même. La discrétion est indispensable tant en entrant qu'en sortant. Lors de la visite, il convient également de respecter les lieux et de ne laisser aucune trace de son passage.

Lors d'une exploration, les sens sont en éveil. Les odeurs des boiseries poussiéreuses ou de l'humidité qui ronge la bâtisse, le craquement des vieux parquets ou le bruit inquiétant entendu à l'étage au dessus de nos têtes, la sensation enivrante de ne pas savoir ce que l'on va découvrir en haut de l'escalier ou en poussant cette porte qui grince...

Évidemment, les visites d'un château du 19 ème siècle ou d'un bunker de l'Otan sont extrêmement différentes mais elles ont en commun de nous plonger dans l'Histoire et dans des histoires que nous nous inventons au fur et à mesure des salles parcourues.

Ces explorations laissent donc une place importantes à l'empirisme, à l'imaginaire mais aussi à la prise d'indices concrets tels que les documents, les objets, les photographies laissées sur place par les derniers occupants. Ainsi l'explorateur est narrateur le temps de la visite. Une histoire, un conte qui se situe dans une faille spatio-temporelle, en dehors du monde réel. Qui vivait dans ce château ? Pourquoi ce manoir a-t-il été abandonné ? Pourquoi sont-ils partis en laissant toutes leurs affaires ? Les enfants aimaient-ils qu'on leur lise des histoires ? 

Quelles étaient les relations entre le personnel de maison et la famille du châtelain ? D'autres types de questions s'imposent également. Cet édifice sera-t-il racheté, restauré, rasé, squatté, dégradé ? Les planchers se sont effondrés, pourquoi le toit n'est-il pas réparé ? Pourquoi tant de personnes vivent dans la rue alors que des lieux immenses restent vides dans l'indifférence générale ? 

Pendant l'exploration, nous nous sommes extraits du monde "normal" dans lequel les gens font leurs courses, attendent le bus ou font la queue à la Poste. Dans un château, un manoir ou une usine désaffectée, les lieux nous sont réservés. Il n'y a plus personne, les bruits du monde réel ont déserté . Ne subsistent que les traces d'une vie passée et les multiples questions qui s'imposent. 

Parfois, il n'est pas possible d'entrer car les accès sont murés, l'édifice est surveillé... Lorsque le bâtiment est réhabilité et restauré, la satisfaction de savoir qu'une partie du patrimoine est sauvée l'emporte sur tout autre sentiment.

Visiter un lieu abandonné est donc extrêmement stimulant intellectuellement et émotionnellement et le retour dans la vie réelle permet de mesurer l'intensité de l'aventure vécue.

3) La phase de recherche sur l'histoire du lieu. Celle-ci intervient après l'exploration car elle permet d'éclairer les découvertes faites, de mettre en lien le ressenti avec la réalité du lieu.

Ce prolongement de l'exploration est également très stimulant car la visite des lieux n'apporte pas toutes les réponses aux questions que l'on se pose sur le terrain. Ainsi, les recherches sur internet, les réseaux sociaux ou les échanges avec les mairies permettent de confirmer, d'infirmer, de renseigner ou préciser les éléments glanés ici ou là.

Pour résumer, l'Urbex est en substance une forme de tourisme alternatif, un tourisme en dehors des chemins tracés qui implique un engagement physique, intellectuel et émotionnel, la source d'un profond enrichissement.

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